La flamme à Orly

Les jeux Olympiques ont commencé, pour notre plus grand bonheur avec la compétition de Rugby à 7 qui a vu la victoire de l'équipe de France masculine en quart de finale, et avec le démarrage du hand-ball féminin, où nous avons vu l'équipe de France à l'œuvre, et gagnant son premier match. Ces 2 séquences ont déjà fait vibrer l'équipe de volontaires que nous sommes et c'est, cette émotion, cette communion entre spectateurs (souvent un peu chauvine, il faut l'avouer) que nous recherchons dans cet évènement.

Nos missions de volontaire continuent ou débutent dans ce contexte, et j'ai eu il y a quelques jours une petite séquence émotion avec le passage de la flamme dans l'aéroport d'Orly. En arrivant sur mon vélo, vers 7 heures pour prendre ma mission, je vois une multitude de policiers, voitures de police autour du terminal 3, juste devant l'entrée du métro 14. Je me demande quelle personnalité est attendue, et c'est en interrogeant la police que j'apprends que la flamme est attendue à cet endroit même entre 8H et 8H30. J'ai déjà eu l'occasion de la voir à Apt et à Paris, mais je suis enchantée de la croiser à nouveau. Après le démarrage de la journée au Green Lab, le QG de Paris 2024 à Orly, juste en face du T3, nous retournons en équipes de volontaires devant l'aérogare pour attendre la flamme qui va traverser l'aérogare et sortir par la porte 33A juste devant nous. Une équipe de danse urbaine de Rungis est présente, et va assurer l'ambiance par ses démonstrations jusqu'à l'arrivée de la flamme et même après.

Une dame est au premier rang car son fils va porter la flamme dans l'aérogare, mais elle n'a pas été autorisée à pénétrer dans les lieux (place à sa belle-fille ;-). Elle aura le plaisir de le voir à la sortie, et de faire toutes les photos de son fils et des porteurs de flamme à l'aéroport.

De mon côté, je prends plaisir à admirer les performances du groupe de jeunes danseurs hip hop qui ont vraiment un bon niveau et sont manifestement heureux de nous montrer leurs talents. A un moment, ils veulent entraîner les spectateurs à danser avec eux. Laurent, un volontaire de mon groupe y va. Du coup, je le suis et nous passons un moment à tenter de suivre les jeunes dans une petite chorégraphie et on s'amuse bien !

Ensuite nous allons nous balader au T4, petite équipe très sympathique de 4 volontaires avec notre coordinateur Eric. Il faut s'occuper jusqu'à l'arrivée de notre prochain vol qui est assez loin dans la matinée. Avec une autre coordinatrice, nous revisitons complètement le T3 qui a la particularité de pouvoir recevoir à la fois des vols Schengen (pas de passage à la Police Aux frontières, PAF) ou internationaux, et dont la configuration peut changer pour accueillir plus de l'un ou plus de l'autre suivant les besoins. Nous connaissons maintenant bien les passages pour passer du niveau départ au niveau arrivée. Evidemment tout est sécurisé et c'est notre badge d'accès ADP qui nous permet de le faire. Nous veillons bien à ce que les portes soient bien refermées derrière nous, et que personne ne puissent s'introduire dans les lieux sans autorisation. C'est une journée pas très chargée en arrivées, comme la plupart du temps, mais l'évènement de la flamme et la cohésion de notre équipe en font un des moments les plus agréables de cette mission.

J'ai maintenant effectué 9 jours de mission, avec des hauts et des bas dans l'appréciation de ma mission. Le nombre de volontaires nécessaires pour gérer les arrivées/départs à Orly a été largement surestimé, et cela est avéré même sur la période de pointe qui devait être la semaine de l'ouverture des jeux olympiques. Certes l'activité augmente un peu, mais cela dépend vraiment du terminal sur lequel on est affecté. Globalement, il y a plus d'arrivées au T1 et T2 qui ne reçoivent que des vols européens, car les délégations non européennes qui arrivent à Orly transitent majoritairement par l'Espagne ou le Portugal. Finalement, il y a très peu d'arrivées sur des vols internationaux au T4 : dans ce cas, ils arrivent quasiment tous à Roissy. Lorsqu'on arrive à 7H, et que le premier vol où des accrédités doivent arriver est un peu avant 12H, c'est vraiment très frustrant, non seulement on se sent inutile, mais le temps semble un peu long. Pour moi qui suis une active, ce n'est pas facile à supporter. Etre en poste au "Welcome Desk" (bureau d'accueil dans chaque aérogare où la mission est de faire le lien avec le service transport Paris 2024 pour les accrédités), peut s'avérer intéressant voir amusant, car on est sollicité par le grand public, soit pour des sujets de l'aérogare (où est le métro ? où puis je avoir un taxi ? où va arriver mon uber? où sont les toilettes ? Où sont les départs pour un vol Vueling, Transavia, etc..., où puis je acheter une carte SIM ?), ou des sujets Paris 2024. J'ai eu, par exemple, une famille brésilienne qui était bien embêtée, car ils avaient acheté pour plusieurs centaines d'euros des places pour la gymnastique artistique à Bercy. Ils avaient leur preuve d'achat sur le téléphone, mais n'avaient pas reçu les billets, alors que pour un autre sport, ils avaient bien leurs tickets d'entrée. Ils avaient appelé les numéros communiqués pour le support et également envoyé un email, mais sans réponse d'aucun canal. J'étais gênée par cette situation, pour l'image de Paris 2024, et de la France. J'ai essayé de les aider du mieux que je pouvais, en demandant le support de ma coordinatrice, et même en appelant Christiane qui fait de l'accueil aux spectateurs à Porte de Versailles. C'était en plus, la veille de l'ouverture des jeux, avec le pic d'activité de ma semaine, seule journée où je n'ai pu aller en pause avant 14H. Finalement, avec l'aide de Christiane, mon conseil fût d'aller voir directement sur le site au poste "ticketing". Ce sont les limites de la dématérialisation, puisqu'il n'y a pas de centre physique pour l'achat des billets des jeux Olympiques. Leur réservation était pour le 27 juillet donc avec très peu de temps pour régler le problème. Je ne peux qu'espérer qu'ils aient pu trouver le support nécessaire et assister sans problème à la session réservée à Bercy.

Nous avons eu aussi de fréquentes questions sur les zones à accès restreint du fait des JO. Pas facile de tout savoir, mais à défaut nous essayons de les renvoyer sur la bonne personne, notamment sur les gilets rouge de l'ADP dont le rôle est de renseigner les touristes, ou sur les personnes de IDF mobilité qui sont à l'entrée du M14 pour les problèmes de billet de métro (également complètement dématérialisé). Ce poste permet de se sentir utile (sauf au T4 où il y a très peu de passage devant ce bureau), mais on peut être aussi très facilement déconnecté de l'activité du reste de l'équipe. Il est nécessaire d'être équipé du "Push to talk" (talkie walkie) pour recevoir les informations relatives aux accrédités qui vont quitter la SLB (Salle de Livraison Bagages), et que les volontaires du Welcome desk sont sensés prendre en charge pour la transition vers les transports. Soit les accrédités sont accompagnés vers la sortie de l'aérogare car ils bénéficient d'un transport Paris 2024 (Bus dédié, navette ou voiture individuelle dédiée), soit on peut les aider à trouver la meilleure solution en transport public (plutôt pour des clients de type média). Mais pour les délégations un peu importantes, il y a souvent aussi un accueil organisé par leur propre comité, et une solution transport privé, et donc pas d'activité du Welcome Desk pour ces personnes. On se contente de sourire, de dire un mot de bienvenue à leur passage !

Les coordinateurs sont sensés nous faire tourner dans les postes pour que chacun à notre tour, nous puissions avoir des moments où nous pouvons être en contact avec les personnes à accueillir (ce qui est beaucoup plus facile en SLB où il y a des temps d'attente pour récupérer leur accréditation et leurs bagages). Quand l'équipe est soudée, on s'arrange même entre nous, mais il y a aussi des volontaires (heureusement assez peu) qui prennent toute la place, ou des coordinateurs qui ne sont pas très attentifs à la gestion d'équipe. Parfois lorsqu'il y a une activité très faible sur un terminal, on peut être envoyé en renfort sur un autre terminal, mais souvent l'équipe en place a déjà réparti ses rôles, et se n'est pas facile de se positionner. Selon tous ces éléments, on peut passer une journée sympa ou une journée très frustrante.

Certains volontaires font la chasse aux pins ou aux photos avec des célébrités. Ma satisfaction personnelle est uniquement liée à la qualité de la relation humaine que j'ai pu mettre en œuvre dans la journée, en échangeant avec des accrédités, sur leur venue aux JO, leur sport, ou encore avec les autres volontaires ou les coordinateurs. Mais quoiqu'il en soit, il est parfois très difficile pour les coordinateurs de créer une activité qui n'existe pas, surtout qu'avec les jours passant nous sommes montés en compétence sur la connaissance des lieux, sur le processus d'accueil, et que les visites des aérogares accompagnées ou en autonomie ne sont plus un dérivatif !

La workforce a même reçu des jeux de sociétés que nous pouvons utiliser dans notre salle, mais aussi sympathique que cela peut être, nous ne sommes pas venus pour faire ça.

Et dernier point, cette activité est au final très fatigante, car pour démarrer à 7H à Orly, je me lève à 5H30, et on est debout de longues périodes. Je n'ai pas de regret de mettre engagée, car j'ai quand même un sentiment d'appartenance à ce grand évènement, et voir l'envers du décor satisfait ma curiosité. Maintenant que les Jeux sont démarrés, nous allons avoir les premiers départs, et probablement encore quelques arrivées pour des athlètes qui ne vont entrer en lice que dans les derniers jours des JO. Cependant, cela ne va pas révolutionner l'activité. Au regard de tous ces points, j'ai contacté le centre des volontaires pour expliquer cette situation, et demandé à changer, si possible, de mission pour les jeux paralympiques. Dans la foulée, j'ai reçu une proposition d'"équipier de support aux spectateurs" à l'Arena Bercy qui recevra le basket fauteuil ; proposition que j'ai acceptée ! Je dois repartir maintenant sur une petite formation en ligne. Et pour les prochains jours à Orly, si l'activité est faible, je pourrais toujours regarder quelques épreuves sur mon téléphone, puisque l'aéroport offre un wifi gratuit !