1ere semaine pour Xavier : De la pluie et de l'or
- x-schoonheere
- 2 août 2024
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 août 2024
Déjà 7 jours depuis le début de ces JO à Paris ! Ils passent trop vite, mes journées sont bien remplies et j’ai la chance d’assister à de nombreuses épreuves sportives avec les clients que j’accompagne.
Je suis allé sur 7 sites olympiques et touristiques qui ont permis à Paris d'obtenir les JO. Le résultat est à la hauteur ! J'ai l'impression de vivre un rêve éveillé.
Après l’accueil, l’enregistrement à l’hôtel de 150 invités asiatiques (avec 4 collègues) de Panasonic et la distribution de leurs cadeaux (des polos, une veste, un éventail, une crème solaire, marqués du logo de la marque japonaise !), le 26 juillet est mon jour le plus long… Tout commence par une visite au château de Versailles.
Nous sommes 4 venues staff (équipiers sur sites) et 4 guides pour 90 visiteurs. Je suis chargé de repérer les lieux avant leur arrivée et je collecterai les audiophones à la sortie du château. Notre équipe est très bien accueillie par Stéphanie qui suit les partenaires pendant les JO. Pendant toute la matinée elle a été disponible pour fluidifier nos demandes, notamment les tickets supplémentaires pour les venues staff dans les jardins musicaux car ils ne sont valables qu'une fois, même si on détient un passeport du Domaine de Versailles pour la journée. Nicolas est venu de son poste dans le parc pour m'aider. Ce sera long de reconditionner 90 appareils d'écoute : les éteindre et enrouler leur cordon car ils sont parfois coriaces ! J'en retrouve trois au poste de sécurité car des clients ont oublié de me les rendre et ils ont fait sonner une alarme.
Je pense vraiment que les clients seront déjà au restaurant quand on s'engage dans les jardins... Mais nous les retrouvons à notre grande surprise près du bassin de Latone, en bas du premier parterre. Il faudra encore près de 30 minutes pour aller jusqu'au bassin d’Apollon étincelant suite à sa restauration. Je n’ai jamais marché aussi lentement avec un groupe à Versailles tant il voulait profiter de ces instants uniques au rythme de la musique classique. Les clients sont tellement heureux d'être là. De plus leur guide chinoise n'arrête pas de commenter presque chaque statue…
Le repas à La Petite Venise était prévu pour durer 45 minutes avec 3 plats, cela prendra le double, c’est sans doute plus convivial. Heureusement rien n'est prévu pour les clients l'après-midi et le retour à Paris se fait en 20 minutes seulement avec le car.
Le soir vint la cérémonie d'ouverture tant attendue : on sentait une certaine excitation en sortant de l’hôtel et en s’y rendant à pied avec les clients. On savait que la pluie ferait son apparition alors on leur a distribué des capes et des parapluies. Des milliers de personnes se dirigeaient au même endroit mais cela se faisait tranquillement et on avait le temps de bavarder avec des touristes américains. Il a fallu se frayer un chemin à l’approche de l’entrée Hospitalités dans l’avenue de la Tour Maubourg mais une gendarme bien informée nous laissa passer sous un rubalise pour accéder au poste de contrôle des sacs et des accréditations. Alors que les invités étaient assis sur les quais bas nous étions bien placés avec mes collègues équipiers à l'entrée du pont des Invalides, avec une belle vue sur la Seine. Une petite frayeur nous a traversés l’esprit quand les policiers et gendarmes en poste jusque là dans les rues environnantes ont afflué au même endroit pour le spectacle. Ils se sont toutefois très vite dispersés, quelques uns sont restés et ont invité les spectateurs à se mêler à eux. Pendant une heure j'ai profité de l'écran géant et du temps clément. La définition des images n'était pas top mais cela je ne m'en apercevrai qu'en voyant le replay plus tard... J'avais l'impression de vivre l'événement par écran interposé mais avec la satisfaction d'y contribuer car sans spectateurs la cérémonie ne serait pas pareille pour ceux derrière leur télé !?
Une heure après le début les premiers bateaux ont commencé à arriver, l'ambiance a changé. On pouvait enfin acclamer des athlètes, dont ceux de Grèce en tête.
Je suis resté seulement 1h30 sur place. A cause de la pluie j'ai dû faire plusieurs aller-retours pour raccompagner des clients à leur hôtel entre 21 h et minuit. Pour moi le souvenir de la cérémonie c'est donc surtout une marche de 12 km sous la pluie avec des chaussures mouillées !
Mes collègues et moi étions un peu tristes et déçus, on a découvert la beauté de la cérémonie en voyant des extraits à l'hôtel vers 1h du matin et les avis des journalistes français et internationaux ! Après quelques jours je n'en garde que le bon souvenir d'être là. En fait sur les quais chacun a regardé un spectacle différent : une partie seulement, un des 12 tableaux prévus. Mais on en a vu plus que sa retransmission à la télé. Je suis donc content d'avoir encore en mémoire le passage de la patrouille de France au-dessus du Grand Palais pendant que Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise : personne n'a pu voir ce moment oublié par le réalisateur à la télévision ! C'est une impression curieuse : on a tous partagé le même événement mais avec des scènes différentes ou sous un autre angle.
Un autre moment fort de ma semaine est d’être allé samedi à La Défense Arena pour les qualifications de natation et à Bercy Arena pour la gymnastique féminine, avec notamment l'équipe étatsunienne. Au sommet de son art, à 27 ans, Simone Biles est la gymnaste américaine la plus décorée de l’histoire olympique avec 9 médailles, dont six en or (depuis hier). C’est vers elle que tous les yeux étaient tournés. Mais quand j’avais l’impression qu’elle me jetait un petit regard furtif à chacun de ses passages, elle cherchait plutôt celui de mon célèbre voisin, le rappeur Snoop Dogg ! Il était arrivé plutôt discrètement une heure après le début des épreuves d’agrès, avec un seul cameraman. Il est en effet consultant sportif pour la chaîne NBC pendant toute la durée des Jeux. Ce n'est pas la première fois et il est apprécié malgré son air nonchalant. Très vite sa présence sur ces qualifications sera remarquée à la télévision française, sur le site de Paris 2024 et sur TikTok...
Malgré moi, on m'a pris, ainsi que ma collègue Kazumi, pour son agent de sécurité. Chez Panasonic, quelques collègues japonais et mes responsables m'ont vite appelé TikTok star ... Par contre, sur ses réseaux sociaux, la désormais sextuple championne olympique fait part de sa dernière découverte gastronomique dans la capitale : le pain au chocolat industriel, qu’elle adore !
Mon site préféré est pour l’instant le stade Tour Eiffel. C'est le plus cool même si on a l'impression de cuire comme dans un four quand on assiste aux matches de beach volley. Il arrive que les spectateurs bénéficient d’un arrosage préventif au jet d’eau pour éviter les malaises. On trouve aussi des brumisateurs dans les pelouses. Je préfère surtout l'ombre des vieux arbres du Champ de Mars, les parterres et la vue imprenable sur la Tour Eiffel depuis les transats. On a du mal quand même à retrouver ses anciens repères d’avant JO. Comme je suis déjà venu trois fois au stade Eiffel avec des clients je commence à pouvoir renseigner et orienter les visiteurs, comme un Volontaire !
Avec mon polo, ma casquette et mon pantalon noirs on me confond parfois avec le personnel de sécurité. Au Jardin des Tuileries, en visite après mon travail, quand j'ai cherché la sortie, un agent m'a regardé bizarrement en me montrant une barrière basse fermée (que j'aurais dû pousser) et d'autres une clôture cadenassée (dont il suffisait d'enlever la chaîne). A leur voix j'ai compris qu'il me prenait pour un des leurs mal réveillé ! En tout cas c'était le chemin le plus rapide pour sortir, c’était l’essentiel ...
Lundi en fin d'après-midi je suis allé voir le volley-ball à Paris sud Arena 1, avec un billet que j'avais acheté depuis mars 2023 : c’était un match féminin de qualification Chine-USA. La Chine a gagné au 5e set. Deux équipes solides (championnes olympiques), super ambiance avec un DJ entre chaque point. Et le Tidal Wave Crew (jeunes danseurs) se produisait sur le terrain entre les sets. C'est pareil dans les autres sports collectifs. La French touche des JO se manifeste avec les trois coups frappés virtuellement sur les écrans avant le début des matchs, les pauses musicales « Cam Dance » où les spectateurs se reconnaissent sur grand écran, parfois avec des effets amusants !
Des équipes de Paris 2024 ont travaillé à orchestrer, comme des soirées de spectacle (avec jeux de lumière et playlist festive) le déroulé des épreuves, dans le but que l’ambiance ne retombe jamais. D’où, notamment, les karaokés, qui font chanter les stades avec des tubes en français (Dassin, Dion, François…) et surtout en anglais. Les séries et les qualifications sont fêtées comme des finales, les défaites sont parfois des victoires. Le public français est très présent et se fait entendre dans les sites olympiques, même à quelques kilomètres. D'ailleurs certains athlètes en action ont été étonnés, lors de la finale de Léon Marchand ce mercredi, par les clameurs de ses supporteurs...
Les Jeux et l'enthousiasme des spectateurs me tiennent en forme même en dormant 5-6h par nuit et une petite sieste l'après-midi.
Pour l'instant mes espoirs se réalisent, mes craintes s'estompent. C'est ce que j'avais imaginé. J'avais des doutes sur la fluidité aux entrées des sites. Ça se passe bien. Les seuls couacs sont des contradictions entre les informations des agents de sécurité, les Volontaires et Paris 2024. Cela disparaît peu à peu après la mise en place des premiers jours. Si toutes ces personnes changent de postes régulièrement on peut compter sur l’accueil et la débrouillardise des Volontaires qui connaissent très bien les sites.
J’ai profité de ma journée de repos mercredi pour regarder les jeux à la télé. C'est différent. On voit mieux les athlètes, on a des commentaires sportifs mais ce n'est pas l'ambiance musicale et les encouragements qu'on ressent sur place. J'ai regardé le triathlon féminin et masculin. J'avais eu l'occasion d'être sur place en août 2023 pour le test event. Je me souviens encore des émotions ressenties alors. Devant mon écran elles ont ressurgi et se sont amplifiées au fur et à mesure de la course à pied de Cassandre Beaugrand (médaille d'or, la première au féminin pour ce sport) puis de Léo Bergère (médaille de bronze). Un moment intense ! On a parlé beaucoup de la Seine négativement en prévision de ces triathlons. Ça va certainement changer.
Pour celles-ci comme pour les autres épreuves en extérieur (aux Invalides, à la Concorde) on bénéficie vraiment de magnifiques images de Paris grâce à des parcours féeriques. Les monuments parisiens sont bien mis en valeur. C’est le plus beau décor du monde pour faire du sport et donner l'envie de venir à Paris !
